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Emilie

Mystérieuse Louisiane


Nous avons terminé notre étape des grandes villes de la Côte Est américaine par un séjour dans la capitale, Washington DC, qui s’est avéré très instructif. En se promenant sur le Mall, immense quartier où sont regroupés beaucoup de monuments, c’est toute l’histoire des Etats-Unis qu’on traverse.

La Maison Blanche quant à elle nous paraît bien petite. Probablement parce qu’elle n’héberge pas vraiment de grand homme ce mandat-ci…

Nous quittons la Côte Est historique pour un Etat complètement différent : la Louisiane. Notre arrivée à NOLA (Nouvelle-Orléans, Louisiana) est placée sous le signe de la chaleur ! Nous ne nous plaignons pas car nous vivons un été indien absolument extraordinaire, mais le climat humide de Louisiane nous assomme quand même un peu… Nous nous installons dans une maison de type one shotgun : il s’agit d’une maison sur un seul étage, avec des pièces en enfilade et sans couloir. Elle a une porte d’entrée à l’avant et à l’arrière, si bien qu’en se plaçant à une extrémité, on pourrait tirer une balle au revolver qui traverserait toute la maison pour ressortir par l’arrière ! Pas de doute, nous sommes aux Etats-Unis d’Amérique !

L’ambiance de la Nouvelle-Orléans est unique. L’architecture avec ses fers forgés d’inspiration espagnole et les couleurs d’inspiration créole, le jazz omniprésent et bien sûr le Mississipi, fleuve mythique, le troisième plus grand fleuve au monde ! Mais nous vous mentirions si nous vous disions que nous n’avons pas eu un choc. 17 ans après, les traces de la catastrophe Katrina n’ont pas disparues. Nous avons vu bon nombre de constructions pas encore réparées ou simplement condamnées et beaucoup de pauvreté dans les rues. Nous ne saurions dire si c’est uniquement à cause de cet ouragan infernal qui a fait céder les digues bordant la ville provoquant son inondation ou les traces d’autres intempéries ou simplement de la négligence, mais beaucoup de photos que nous avons prises étaient au-dessus de palissades masquant des travaux. Nous avons aussi entendu parler de quartiers encore complètement détruits, où les cars de touristes vont maintenant admirer les dégâts…

Le Carré Français reste charmant et nous y écoutons du jazz avec passion. Charles et Alice ont beaucoup aimé danser au rythme des cuivres et des percussions et c’est avec joie et amusement que nous avons assisté aux spectacles des artistes de rues dans la ville. Que dire aussi de cette culture à part : Mardi-Gras est une fête symbolique omniprésente, caractérisée par ces colliers de perles colorés que l’on trouve partout et qui sont jetés en masse lors des défilés de carnaval. Le vaudou est partout lui aussi, avec ses poupées que l’on peut acheter dans beaucoup de magasins (en exclu sur le Jackson Square, la poupée Trump !!), et les diseuses de bonne aventure trouvent apparemment pas mal de clients à qui prédire l’avenir dans les tarots, les paumes de mains (adultes, enfants et chats, sisi, je vous jure !) ou dans les boules de cristal. Si jamais je ne sais pas quoi faire en rentrant de voyage, je songe à me recycler dans ce genre de business…

Nous avons fait une sympathique croisière sur le mythique bateau à vapeur Natchez. Un vrai bateau à aube, un des derniers, qui peut jouer de la musique grâce à sa vapeur (hallucinant !). En deux heures, nous avons rentabilisé la croisière avec un super buffet all you can eat dont les américains ont le secret (en plus c’était bon), un concert de jazz et bien sûr la découverte du paysage aux alentours de la grande ville. Bon, ce n’est pas le paysage romantique que nous nous étions imaginés parce qu’on croise en fait plein de tankers, de porte-containers et de barges et que la Louisiane étant une terre très riche en pétrole et en gaz, il y a beaucoup de plateformes et d’usines de chimie sur les bords du Mississipi. Ca nous a rappelé Bâle en quelque sorte… Pourquoi chercher si loin finalement !

Mais je ne veux pas vous casser toute l’image romantique de la Louisiane pour autant ! Le paysage mythique se trouve juste un peu à la sortie de la ville, quand on passe sur des routes qui sont en fait des ponts surplombant les marécages et qu’on atteint le bayou. Là où l’inquiétante mousse espagnole recouvre les arbres, leur donnant un aspect fantomatique et où les alligators ont élu domicile… On longe le Mississipi et on peut admirer les superbes plantations, ces maisons luxueuses du XIXème siècle, construites par les exploitants d’indigo, de coton ou de canne à sucre, avec les dames en robes à crinolines, leurs incroyables mobiliers et… leurs esclaves.

Nous sommes restés 3 jours sur la route des plantations, à rouler dans ce paysage beau et désolant à la fois et à nous arrêter ça et là pour écouter les histoires de ces riches familles parfois parties de rien et ayant amassé des fortunes sur le dos de leurs esclaves noirs, en grande partie sénégalais.

Nous avons visité la Plantation Whitney, la seule plantation dédiée à la mémoire des esclaves, hommes, femmes et enfants. Un immense travail de recherche a permis d’identifier des milliers de noms et de dates afin de leur édifier un mémorial assez poignant. On y voit aussi des statues d’enfants noirs à la mémoire des enfants nés de parents esclaves et qui sont devenus esclaves à leur tour, s’ils ont survécu aux conditions très difficiles de la vie de l’époque, notamment dans les champs de canne à sucre où l’espérance de vie était de 10 ans. On y voit aussi des cabanes originales montrant les conditions de vie des esclaves de l’époque : une cabane par famille, lits de paille, cheminée. Certains maîtres leurs permettaient d’élever des poulets pour améliorer leurs repas quotidiens. Ils travaillaient 18 heures par jour et une cloche dans les jardins de la plantation, leur signalait l’arrêt du travail. En traversant les jardins, notre guide nous a demandé de sonner la cloche chacun à notre tour, en mémoire de quelqu’un ayant perdu la vie dans les plantations. C’était dur et pas romantique du tout, mais c’était très instructif et tout à l’honneur des fondateurs de ce musée, un des seuls musées d’Amérique consacrés à l’esclavage.

Nous avons ensuite vu des demeures plus majestueuses les unes que les autres, qui nous ont rappelé tant de beaux films tous tournés dans ces décors incroyables : Autant en emporte le vent, Entretien avec un vampire, 12 years a slave ou encore l’ébouriffant Django unchained de Tarantino.

Pour mieux nous imprégner du décor, nous avons passé la nuit dans un cottage à la fabuleuse Oak Alley et de l’incroyable allée de chênes plantés au XVIIème siècle. Nous n’avons pas fait la visite guidée (pour visiter une plantation, il faut compter environ 50 dollars pour toute la famille et il y en a bien une vingtaine à faire, faites le calcul si vous voulez toutes les faire !), nous avons beaucoup profité des jardins de jour comme de nuit.

Le lendemain nous avons dormi à Nottoway, plantation reconvertie en hôtel pour les cérémonies de mariage et où la visite est incluse dans la nuitée (c’est sympa)! Nous profitons un maximum des jardins impeccablement entretenus, de la visite en autonomie avec un audioguide en français et pour finir, des chouettes services qu’offre cette propriété : terrain de basketball, fitness, bon restaurant. Il faisait bon vivre dans ces belles demeures ! Au passage, à Nottoway, comme dans pas mal d’autres plantations, on ne voit pas les maisons des esclaves. Les cabanes se situaient souvent à plus d’un kilomètre de la maison… Par contre on nous a expliqué que les maîtres ici les traitaient assez bien. Ils avaient un hôpital, une nursery, et avaient compris que pour motiver leurs 500 esclaves (!) il fallait aussi les soigner. Avaient-ils quand même des menottes ou des colliers de fers comme ceux exposés à Oak Alley ?... Après l’affranchissement des esclaves, à Nottoway, on leur a laissé le choix de partir ou de rester et beaucoup sont restés.

La dernière plantation que nous avons visitée s’appelle The Myrtles. Celle-ci est très spéciale, car on la dit hantée. Nous y sommes allés sans grande conviction, mais il faut dire que les histoires de la guide en costume, photos d’hectoplasmes à l’appui, contées dans cette sombre demeure (brrr… qu’il y faisait froid en plus…), ne nous ont pas laissés indifférents. Sans blague, j’en ai fait des cauchemars la nuit dernière. Quand je pense qu’il y a des gens qui paient pour passer la nuit dans cette maison en espérant y voir ou entendre des fantômes, sans moi !

Nous venons d’arrives à Breaux Bridge, capitale de l’écrevisse et du pays cajun. Au programme danse sur la musique locale, la zydeco, dans les fais deaux-deaux, les dancings locaux car on y couchait les enfants à l’étage en leur disant « fais dodo pendant que maman et papa dansent toute la nuit ! », repas locaux (c’est bon mais ça pique !!) et virée dans le bayou. J’espère y attraper un alligator pour me faire un sac ! Oh allez, il y en a plein… D’ailleurs nous avons goûté, c’est franchement pas mauvais. Comme du poulet !


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